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Jabo sur l'Angleterre (1942-43) - Historique

Publié : 21 oct. 2018, 11:38
par JG27_Belly
Jabo sur l'Angleterre (1942-43) - Historique

Ce document, sans aucune prétention, n’est qu’une prise de notes de l’ouvrage "Luftwaffe fighter-bombers over Britain" de Chriss Goss. Vous le verrez, certaines de ces notes se répètent. Je n’ai pas pris le soin de retravailler le texte dans sa globalité. Pour les lecteurs de cet ouvrage, vous auriez peut être complété ces notes peut être retiré d’autres, tout est questions de choix … et de fatigue au moment de la rédaction Image . Quoiqu’il en soit je pense qu’elles peuvent nous permettre d’aborder le contexte des attaques Jabo sur l’Angleterre (1942-43) dans des conditions respectables.

PS : Je me suis permis d’ajouter des photos glanées sur le net pour agrémenter la lecture Image

Bonne lecture à tous.



Un mot par l’Oberst Erhard NIPPA

En Mars 1941, commença mon écolage comme pilote de chasse pour éventuellement être affecté, en Juillet 1941, au Ergänzungsgruppe/JG2 à Cazaux en France. Ce fut là que je réalisa que j’avais des capacités limitées comme pilote de chasse mais la coïncidence ou les faits résolurent le problème. Le Geschwader recherchait des volontaires pour monter une Jabostaffel spécifique. Je me porta comme volontaire et en Septembre/Octobre 1941 je fus transféré à la 13./JG2 basé à Beaumont le Roger avec le Staffelkapitän Oblt Frank Liesendahl et Oblt Fritz Schröter, Ofw Gerhard Limberg et 2 ou 3 NCO (officiers non commissionnés). J’étais un des premiers pilotes à commencer ces entraînements spécifiques. Un moment après, Lts Wenger et Fröschl et plusieurs NCO rejoignirent notre Staffel. A la fin de notre entraînement, notre effectif était de 10-12 pilotes prêts au combat, avec difficulté notre Staffel réussit à conserver presque la même capacité au fil temps.
Chacun se voyait appartenir à une unité spéciale stressante, exposée au danger et sous hauts risques. Que vous soyez averti ou pas, ceci se résulta par un sentiment d’appartenir à une unité d’élite. Le Staffelkapitän, les pilotes, les mécaniciens et le personnel administratif, presque tout le monde se sentait comme membres acceptés. Le résultat était une contribution décisive à une motivation et une volonté qui créa les conditions requises pour mener avec succès les missions Jabo.
L’entraînement spécifique incluait le vol à basse altitude au-dessus des terres et de la mer, même en mauvaise météo, vol en formation très serrée et largage de bombe suivant le Liesendahl-Verfahren. Frank Liesendahl était l’initiateur, une personne solide, adroite et si besoin, un avocat sans concession de ses idées, pensées, conclusions et demandes. Il était un pilote de chasse expérimenté qui acquit son expérience des sorties de bombardement sur Bf109. Il réalisa qu’un chasseur n’était pas et ne pouvait pas être adapté dans ces 2 rôles mais que des tactiques et techniques spécifiques aux attaques Jabo employées par des pilotes entraînés dans cette tache pouvaient être performantes et prometteuses pour ces méthodes d’attaque. Contre une forte opposition et même de nombreuses critiques, tout particulièrement des unités de chasse, Liesendahl réussit à convaincre les hautes autorités sur ces idées et plans.
Les tactiques Jabo demandaient un décollage en Staffel formée et une approche de l’objectif en volant à l’altitude la plus basse dans un silence radio total. Le vol en formation, tout particulièrement à très basse altitude, ajoutait une contrainte supplémentaire aux pilotes. Il était très difficile lorsque la mer était mauvaise et encore plus par brouillard ou mauvais temps par mer calme, lorsque vous ne pouviez distinguer l’horizon. C’était le plus stressant, la partie de la mission qui faisant travailler nos nerfs. Des pilotes durent être remplacés par incapacité de supporter ce stress.
Il était nécessaire, pour améliorer notre survie, d’employer des changements dans notre façon d’attaquer les navires ou objectifs terrestres. Par exemple, les servants de pièces anti aériennes sur les navires ou à terre étaient préparés et connaissaient la direction de nos approches, donc nous réalisèrent nos attaques à partir de directions différentes, parfois les attaques furent réalisées en retournant sur nos objectifs après les avoir survolés.



La méthode Liesendahl

Début 1941, la Luftwaffe avait réduit considérablement le nombre de chasseurs basés sur le littoral de la Manche. Le Jafü 2, avec son quartier général à Wissant, commandait maintenant les 3 Gruppen du JG3, le I(J)/LG2, les 3 Gruppen du JG26, les Jabo du Erpr.Gr 210 et le II(S)/LG2.Luftgaukommando Holland basé à Rotterdam, commandait une Staffel du JG1 et 2 Gruppen du JG52. Plus à l’Ouest dans la Luftflotte 3, il y avait sous le IV Fliegerkorps basé à Rennes, les II et III/JG77 et sous le V Fliegerkorps les 3 Gruppen du JG2. 3 mois plus tard, il y eu un peu de changement, les 3 Gruppen des JG51 et JG53 remplacèrent les JG3 et le I(J)/LG2. Le JG26 se déplaça temporairement à l’Ouest sous le V Fliegerkorps, remplaçant le JG77. L’Erpr.Gr 210 resta basé à Abbeville mais le II(S)/LG2 s’était déjà déplacé vers l’Est. Dans la Luftflotte 3, les seules unités de chasseurs étaient les JG2 et JG26, il n’y eu aucun changement dans la force aérienne du Luftgaukommando Holland. Tout allait changer dramatiquement en Juin 1941 avec les préparations Allemandes pour l’opération Barbarossa, l’invasion de la Russie.

Des attaques Jabo se produisirent durant les premiers mois de l’année 1941 mais à une fréquence bien réduite. Ces attaques se réalisèrent plutôt à l’aube ou au crépuscule par un faible nombre d’appareil volant à très basse altitude contre des objectifs militaires ou industriels proche du littoral Anglais sur son secteur Est, différentes des attaques Jabo réalisées en fin de la bataille d’Angleterre. Cependant, plusieurs des attaques attribuées aux chasseurs-bombardiers furent en fait des reconnaissances météo ou des vols de reconnaissance armée comme les Tiefangriff, attaque de basse altitude en straffing avec les armes de bord ou les Störangriff, attaque de nuisance par les chasseurs sur les défenses Anglaises.
Les attaques Jabo qui se réalisaient avaient pour objectifs de prédilection les aérodromes tels que Manston et Hawkinge dans le Kent.

Ce n’est qu’en Mars 1941 que les attaques Jabo furent développées et reconnues comme attaques ‘’Tip and run’’. Le JG2 fut faiblement impliqué dans les missions Jabo durant la bataille d’Angleterre, probablement dû fait de l’endroit où le Geschwafer était basé durant l’été 1940. Avec les missions d’escorte à partir de leur base de Beaumont le Roger en Normandie, le Bf109E étaient en limite de rayon action avec très peu de réserve disponible pour le combat aérien. Emporter une bombe de 250kg aurait réduit encore plus son rayon d’action. En accord avec les directives reçues au JG2 pour la défense du secteur aérien du Jafü 3 contre la RAF, les missions d’escorte de navires et les préparations d’opération de grande envergure lorsque la météo s’améliorait prirent toute leur ampleur avec l’arrivée du Bf109F.
Néanmoins, comme les autres Jagdgeschwaden, il fut décrété qu’une Staffel de chacun des 3 Gruppen du JG2 seraient affectées à un rôle de Jabostaffeln.

La première Staffel à répondre, celle du Oblt Werner Machold, la 7./JG2, fut apparemment détachée à Denain sur la frontière Franco-Belge pour apprendre les rudiments des opérations Jabo au sein de la Erpr. 210. Les 2 autres Jabostaffeln étaient celle de Oblt Siegfried Bethke, la 2./JG2 et celle de l’Oblt Frank Liesendahl, la 6./JG2. Cependant, ces 3 Staffeln continuèrent de voler en mission de chasse pure, particulièrement celle de Werner Machold (qui fut l’auteur des 5 sur les 6 victoires obtenues par sa Staffel durant cette période). Les missions Jabo semble avoir été secondaire devant les missions de chasse pure. Ce rôle de chasseur-bombardier ne fut pas vraiment accepté, car les appareils durent être équipés d’un support de bombe qui réduisait la vitesse pure de l’appareil, l’handicapant ainsi dans un rôle de chasse pure.

Technique enseignée à cette date là :
Similairement aux Stukas, qui avec un angle de piqué de 70° et à 350km/h à partir d’une haute altitude, les Bf109 devaient piquer à 45° mais à partir d’une altitude plus faible. Après avoir atteint une certaine altitude minimum la bombe était larguée en appuyant sur un bouton du manche sans endommager le train (par les éclats). Il était facile de conserver un angle de piqué de 45°, des lignes noires peintes sur les 2 cotés de la verrière nous permettaient de nous assurer de cet angle lorsqu’elles étaient parallèles avec l’horizon. Occasionnellement, entre les missions de chasse, nous nous entraînèrent avec des bombes en ciment sur des épaves de navires dans l’estuaire de la Seine. La mise en place de ces équipements ne fut pas entièrement réalisés, la plus part des unités cherchaient à ne pas en être équipées.

Les premières missions Jabo de ces Staffeln, en Avril Mai 1941, étaient réalisées par une approche à très basse altitude avec souvent une escorte haute (cette escorte haute fut présente lors des toutes premières missions Jabo seulement). L’effectif des Jabo était très variant du Schawrm à la Staffel au complet, entre les Schwarm, différents schémas tactiques furent utilisées avec certains échecs. En dépit de l’apparent désaccord du JG2 à avoir une pure Jabostaffel, en Juin 1941, la Luftwaffe a crédité entre autres aux 2 et 6./JG2 d’avoir coulé 2 navires marchants entre 3000 et 5000 BRT, un pétrolier de 2500 BRT et endommagé un sous marin, un croiseur de 10000BRT et un navire marchant de 3000 BRT. Il fut crédité au seul Oblt Frank Liesendahl le navire marchant de 5000 BRT. A noter que ces Staffeln ne se limitaient pas exclusivement aux missions Jabo.

Un homme commençait peu à peu à être mentionné vis-à-vis du développement des attaques Jabo, Frank Liesendahl. Suite à une blessure en combat aérien le 10 Juillet 1941, lors d’une mission de chasse pure, il passa 8 semaines à l’hôpital où il mit sur papier son expérience de Jabo et développa de nouvelles tactiques. De retour à la JG2 à la fin de l’été 1941, il persuada le Geschwader Kommodore, Major Walter Oesau, des avantages d’une Jabostaffel spécifique et indépendante. La 13./JG2 fut donc créée le 10 Novembre 1941 subordonnée au II/JG2 de l’Hptm Helmut-Felix Bolz.

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Major Walter Oesau (à gauche) et Oblt Frank Liesendahl (à droite)

Cette nouvelle Staffel reçue des pilotes qui avaient volé avec les 2, 6 et 7./JG2 ayant montré plus de capacité en Jabo qu’en pilote de chasse ainsi que des pilotes sortis d’école venant d’être affecté au JG2. Entre ce 10 Novembre 1941 et le 18 Février 1942, la Staffel de Liesendahl s’entraîna et perfectionna ses tactiques qu’elle emploiera contre les navires Anglais. Durant ces mois d’entraînement, les pilotes acquirent la Liesendahl Verfahren (méthode de Liesendahl), qui devint la méthode préférée des attaques Jabo.
Approchant vers l’objectif à 450km/h à une altitude de 5 mètres, à 1800m de l’objectif les chasseurs-bombardiers montaient à une altitude maximum de 500m avant de maintenir cette altitude et piquer à un angle de 3° suivant une vitesse de 550km/h pour remonter et larguer la bombe sur l’objectif.

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Schéma d'attaque envoyé par Pat, provenant d'un article de Jean-Bernard FRAPPE, paru dans un magazine

Bien que durant cet hiver 1941-42 la 13./JG2 passa du temps dans ses entraînements (pilotes et personnel au sol), suivant les rapports Anglais, en Janvier 1942, le Sud de l’Angleterre subit plus d’une quarantaine d’attaque de type ‘’tip and run’’. Cependant rien ne permet de confirmer si elles furent réalisées par la 13./JG2, il est possible qu’elles aient été perpétrées par les Dornier 217 du KG2.

Quoiqu’il en soit, il apparaît que Liesendahl continua à convaincre les officiers supérieurs sur les atouts des attaques Jabo, ce qui fut prouvé le 10 Février 1942 lorsque le navire à vapeur Lieutenant Robert Mory de 3000 BRT fut salement endommagé. 8 jours après la 13./JG2 fut déclarée opérationnelle. Le 4 Mars 1942, le Jafü 3 autorisa les missions Jabo et le JG26 reçu l’ordre de former sa propre Jabostaffel avec effet au 10 Mars 1942.

Les dès étaient jetés pour les 15 prochains mois, le Sud de l’Angleterre allait faire l’expérience d’une nouvelle forme de terreur venant des airs.


La nouvelle offensive (Mars – Juillet 1942)

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Insigne de la 10. 13./JG 2

A partir du début de cette campagne, il était clair que le JG26 avait un net handicap lorsqu’il vint aux missions Jabo en ayant pas eu la préparation du JG2 et un Staffelkapitän dédié à ce type de mission comme Frank Liesendahl. Les pilotes qui avaient une expérience Jabo limitée en 1940 et début 1941 furent transférés à la nouvelle Staffel du JG26 avec un nombre de pilote à la fois non adaptés comme pilotes de chasse, et les indisciplinés ou en conflit avec leur Staffelkapitän pour compléter les effectifs. Sous le commandement du Hptm Karl Plunser, cette Staffel, la 10./JG26 (comme elle sera nommée peu de temps après) était douteuse avec une apparence non adaptée ou sans motivation de part certains pilotes couplée avec des pilotes ayant réalisé quelques missions Jabo un an et demi avant.

Ce mois de Mars vit (d’après les analyses Anglaises) 17 missions ‘’tip and run’’ réalisées par la 10./JG26 dans son secteur (Sussex et Kent) alors que la 13./JG2 en fit 49 dans son secteur (à l’Ouest de Hampshire). Il est vrai que la 10./JG26 opérait dans un secteur fortement défendu en pièces anti aériennes et en chasseurs du 11 Group de la RAF. Le succès de cette 10./JG26 fut impressionnant et inquiéta les Anglais. Cependant, il ne peut pas être confirmé si toutes ces attaques étaient uniquement dues à cette Staffel ou à d’autres unités de bombardiers purs. Ces attaques furent localisées sur le littoral, avec initialement les convois comme objectifs puis vinrent les ports. Souvent les éléments impliqués étaient à la hauteur d’un schwarm non escorté.

Le mois d’Avril 1942, vit un nombre de raid ‘’tip and run’’ s’accroître dramatiquement, les renseignements Anglais en reportant 156. Ce mois d’Avril vit aussi un changement dans les cibles terrestres, particulièrement les citernes de gaz qui étaient hautes et de fortes tailles, facilement repérable lors de l’approche à vitesse élevée et très basse altitude. Les renseignements de la Luftwaffe furent critiqués pour leur manque de précision, cependant ils étaient de bonnes qualités comme le montrèrent les interrogatoires des pilotes capturés. La 10./JG2 (cette staffel fut renommée 10./JG2) subit sa première perte le 21 Avril par la DCA Anglaise. Et 3 jours après ce fut le tour à la 10./JG26 pour la même cause.

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Trois-quart avant du Me 109 F-4Z Wk.Nr. 7605 codé "10" bleu de la 10./JG 2

Il est à noter que durant l’année 1942 ces 2 Staffeln, 10./JG2 et 10./JG26 comptabilisaient en tout pas plus de 28 appareils, mais leur efficacité fut telle que les Anglais s’interrogèrent très vite pour combattre ces attaques ‘’tip and run’’. L’Observer Corps essaya diverses méthodes pour faciliter l’interception. La difficulté était importante, car avec cette très basse altitude (approche et retour), les informations du RDF (Radio Detection Finding, ou radar) étaient sérieusement limitées avec pour résultat des défenses anti-aériennes fréquemment incapables d’entrer en action avant l’attaque. De plus la vitesse de réalisation de l’attaque limitait les interceptions par la RAF.

Fin Avril 1942, l’importance donnée aux objectifs de type navire s’accru considérablement. Entre Juillet 1941 et Février 1942, les appareils Allemands coulèrent ou endommagèrent 32% des navires qu’ils attaquèrent de jour, mais dans la période de Mars à Octobre 1942, ce ratio monta à 64%. Il est clair que cette nouvelle tactique donna les résultats désirés. La Luftwaffe n’augmenta pas le nombre de ces unités mais les rassembla au sein du quartier général de la Luftflotte 3 pour les questions opérationnelles puis plus tard administratives, de commandement et contrôle. C’est une indication claire qu’une direction plus importante était prise vis-à-vis des opérations de chasseurs-bombardiers.

Durant cette période de nombreuses missions furent réalisées par un Schwarm seul avec les 2 Rotten articulées pour l’attaque. Ce dispositif n’était pas exclusif.

Du coté Anglais, le moyen le plus simple et le plus rapide pour contrer ces attaques ‘’tip and run’’ était les armes anti-aériennes légères, comme celles de calibre 40mm, les appareils de la RAF ne permirent pas à cette date de les contrer. Lorsque les attaques ‘’tip and run’’ commencèrent, l’Anti Aircraft Command avait seulement 43 canons de DCA de 40mm sur la cote Sud de l’Angleterre et étaient placés pour protéger les installations militaires, alors non attaquées par ces Jabostaffeln (jusqu’en Avril 1942).

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Bf 109F-4/B (Wk-Nr 7629) '1 Bleu Chevron et Barre' Oberleutnant Frank Liesendahl, Staffelkapitan 10./JG 2 'Richthofen', Avril 1942, Beaumont-le-Roger

Mai 1942 vit de petits changements dans les tactiques Allemandes et les objectifs, comme une attaque de base militaire, d'un centre de recherche au profit de l'Armée ... Surtout pour la 10./JG2 qui commença ce mois par de grands succès contre les navires. Elle augmenta aussi le nombre d’attaque et ses pertes augmentèrent de même avec un changement d’objectif ; des ports fortement défendus.

Ce mois de Mai vit aussi les premières réussites d’interception par la RAF. Cette dernière mit en place des patrouilles de 2 appareils sur son littoral. Etre au bon endroit au bon moment fut le gage de réussite. En cette fin Mai 1942, 2 pilotes Jabo étaient prisonniers des Anglais. Des interrogatoires permirent aux Anglais de connaître l’existence de la 10./JG2, sa base, ses récentes opérations, ses effectifs, appareils, armement et emport en bombe. Cependant ceci ne donna pas la solution pour combattre ce type d’attaque. Plus alarmant pour les Anglais, ils apprirent que le JG2 était entrain d’être ré équipé avec le Fw-190. Mais comme les Jabostaffeln opéraient trop près du sol Anglais, afin de réduire le risque qu’un Fw-190 se pose sur le sol Anglais, la 10./JG2 continuait pour le moment sur Bf109 et serait l’une des dernières Staffeln à recevoir ces nouveaux appareils à potentiel prometteur.

Ce Fw-190 était supérieur dans tous les domaines, excepté en rayon de virage, au meilleur chasseur Allié à cette date. Comme chasseur-bombardier, il pouvait emporter une bombe de 500kg ou 4 bombes de 50kg, doublant ainsi la capacité d’emport du Bf109. Et surtout, si le Bf109 était difficile à abattre, le Fw-190 était plus rapide, plus adapté grâce à son type de refroidissement et sa construction robuste aux opérations Jabo et bien plus dangereux pour les chasseurs de la RAF lors d’interception.

Mi Juin 1942, les 2 Jabostaffeln furent retirées peu à peu sur le Bourget proche de Paris où elles commencèrent leur rééquipement sur Fw-190. Logiquement les attaques ‘’tip and run’’ se réduisirent de 105 au mois de Mai à 77 en Juin et 37 en Juillet 1942.

Néanmoins, des pilotes de la 10./JG2 purent réaliser leur première attaque en Fw-190 le 7 Juillet 1942. La 10./JG2 retourna à Caen-Carpiquet le 10 Juillet 1942 avec ses nouveaux appareils pour reprendre ses missions. A cette date, au moins une mission par jour était planifiée, les Anglais n’avaient aucun moyen pour les contrer.

A cette date, le futur du littoral Sud de l’Angleterre apparaissait plus sombre que jamais.


Butcher Bird et Rats (Juillet – Septembre 1942)

Le Fw-190 ou Würger (Butcher Bird) se prouva rapidement comme une arme à potentiel dans les mains des pilotes des 10./JG2 et 10./JG26. Alors que la 10./JG2 était en plein succès, il est difficile de savoir quelles réussites étaient obtenues à la 10./JG26, cependant il fut jugé nécessaire de remplacer le Staffelkapitän Hptm Karl Plunser le 12 Juillet 1942. Ce commandement fut confié à un pilote de la 10./JG2, Fritz Schröter, mais il sera de courte durée. 5 jours après le Staffelkapitän de la 10./JG2, Frank Liesendahl ne revint pas d’une mission Jabo (abattu par la DCA du ML 118 dans le port de Plymouth). Fritz Schröter revint donc pour prendre le commandement de la 10./JG2, alors que l’Oblt Joachim-Hans Geburtig devint le Staffelkapitän de la 10./JG26, seulement 12 jours après, prisonnier des Anglais, le commandement passa au Lt Paul Keller.

Les attaques ‘’tip and run’’ continuait à être un casse tête pour les défenses Anglaises. Comme les radars étaient rarement capables de détecter l’approche à haute vitesse et très basse altitude des chasseurs-bombardiers, la première ligne qui fut testée fut le personnel de l’Observer Corps basé sur de très nombreux points le long du littoral Anglais. Il était évident qu’une nouvelle tactique devait être employée. Des postes sélectionnés avaient reçu l’ordre de tirer une roquette (connue sous le nom de ‘’Totter’’) dès d’un appareil volant à très basse altitude était aperçu et devaient poursuivre leurs tirs de roquettes tant que ce dernier était à proximité. De plus, afin d’accélérer le rapport d’un vol à très basse altitude de chasseurs-bombardiers, le poste de l’Observer Corps devait immédiatement envoyer le code ‘’Rats’’ à l’Observer Centre avant d’envoyer les informations complémentaires. Le code passé immédiatement au Sector Controller, ce message avait pleine priorité pour un scramble ou si des appareils étaient déjà en vol sur le secteur, pour l’interception.

Le système ‘’Totter’’ et ‘’Rats’’ n’étaient toujours pas adapté. Il fallu attendre jusqu’à Novembre 1942 avant une mise en place systématique de patrouilles de 2 appareils, avec 2 autres en attente de décollage, sur les zones vulnérables. En dépit de ces mesures les interceptions avec succès n’étaient pas fréquentes. Ajouté à cela, la distance entre les postes de l’Observer Corps était insuffisante pour permettre une localisation permanente dans les terres des appareils Allemands volant à très basse altitude afin de permettre leur interception et transmettre l’alerte d’un raid aérien.

Cette situation s’accentue pour les Anglais début Août 1942, lorsque les Jabo changèrent leurs tactiques. La 10./JG26 passa sous le contrôle du commandant de la chasse de la Luftflotte 2. Ce dernier fit augmenter le nombre d’attaque sur la côte Sud Est de l’Angleterre, étirant les défenses Anglaises à leur limite.

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Fw-190A-4/U1 Jabo de la 10./JG26

Pendant ce temps, plus à l’Ouest, en addition aux navires et objectifs sur le littoral, le panel de cibles à attaquer par la 10./JG2 montra un changement vers des objectifs dans les terres, comme les sites industriels, gares … En premier lieu, ces attaques se limitèrent dans une distance derrière les premières collines du littoral, avec seulement 2 appareils lors d’une météo adaptée (par exemple brouillard permettant de se dissimuler) afin de passer la ligne de défenses des patrouilles de chasseurs de la RAF.

Ces attaques montrèrent encore plus l’incapacité des défenses Anglaises de les combattre. L’observer Corps fut forcé de former approximativement 150 postes satellites, reliés au poste ‘’parent’’ afin de couvrir une bande de 30 miles le long du littoral Anglais. Ces postes satellites devaient simplement informer les vols de très basse altitude durant les heures de jour. Cependant, il fallut des mois avant que ce système soit opérationnel.

A la mi Août 1942, les 10./JG2 et 10./JG26 continuèrent aussi leurs attaques sur le littoral, sans pertes en dépit de l’augmentation de l’activité aérienne et navale des Alliés (d’ailleurs notée), en vu de l’opération ‘’Jubilee’’ à Dieppe le 19 Août 1942.

J’ai choisi de ne pas faire part des actions mentionnées des 10./JG2 et 10./JG26 sur Dieppe et ses environs lors de l’opération Anglo-Canadienne ‘’Jubilee’’.

Suite à l’excitation du raid de Dieppe (44 appareils Jabo ont été impliqués en 9 attaques), il y eu une brève pause de quelques jours. Les attaques dans les terres Anglaises se poursuivirent dans la continuité, la 10./JG26 perdit un appareil par la DCA le 23 Août. Pour le reste du mois, des objectifs aussi loin à l’Est que Folkestone et aussi loin à l’Ouest que Falmouth furent attaqués. Le mois de Septembre 1942 commença mal, la 10./JG26 perdit un pilote dans la Manche et la 10./JG2 eu sa première perte depuis presque 2 mois lors d’une attaque de 6 appareils Jabo, 3 Jabo furent coursés jusqu’au Cotentin par des Spitfires en scramble. Dans les jours suivant des Jabo furent endommagés par la chasse RAF. Durant les 2 dernières semaines de Septembre, ce fut principalement le Sud Ouest de l’Angleterre qui fut touché par ces attaques Jabo, réalisées par la 10./JG2. La 10./JG26 se ‘fixa’ un peu Hasting (une ville sur le Sud de l’Angleterre ayant une unité pour les équipages de la RAF en formation). Les services de renseignement de la Luftwaffe semblent avoir de bons renseignements car ils avaient la connaissance des hôtels où résidaient les équipages dans les villes telles que Hastings, Eastbourne, Bournemouth et Torquay qui connurent des attaques Jabo.

Les 3 derniers mois de l’année 1942 virent un changement dans les réalisations des attaques ‘’tip and run’’ accentuant la difficulté déjà présente des défenses Anglaises.


Nouvelles tactiques et armement (Octobre-Décembre 1942)

Octobre 1942 vit une réduction du nombre d’attaque ‘’tip and run’’ avec pour changement une concentration sur le Kent et le Sussex. Afin d’assurer la réussite des attaques dans cette région, les Jabo avaient à cette date leur propre escorte bien que la majorité des appareils perdus fut causée par la DCA.
A cette date, la RAF mis en place une nouvelle arme pour contrer les Jabo, le Hawker Typhoon. Il fut mis en service début d’été1942, mais ayant déçu sans avoir encore pu montrer son potentiel, les commandants des 3 Squadrons de Typhoons demandèrent d’être utilisés pour contrer les attaques ‘’tip and run’’, avec le potentiel du Typhoon supérieur au Spitfire en vitesse et puissance de feu. Ces squadrons furent donc basés en conséquence sur littoral Anglais. Fin Septembre 1942, il y avait en tout 5 squadrons employés à cette tache.

Pour les Tactiques adoptées par les squadrons de Typhoons : Celles développées par le 609 Squadron étaient de 15 patrouilles de 2 appareils par jour, volant à basse voir très basse altitude plus 2 appareils prêt au scramble. Cette tactique fut rapidement adoptée par les autres Squadrons. Ces patrouilles se positionnaient de 2 à 6 miles du littoral, au dessus de la manche, et attendaient. Il pouvait de produire des cas où les Typhoons dans certains angles pouvaient être aperçus comme des Jabo. Pour limiter ce méprit des bandes blanches et noires furent peintes sous les ailes. Avec les succès qui tardaient à venir, l’Intelligente Officer du 609 squadron écrivit : ‘’ … en gardant un œil sur les indicateurs des températures moteur, l’observation des airs à la recherche des appareils ennemis, regarder les positions de nos défenses anti-aérienne, les Spitfires présents avec suspicion et de l’attention contre la collision sur les falaises ou la câbles des ballons, le tout semble lourd pour permettre une réussite facile.’’ Fin Novembre 1942, sans avoir provoqué les évènements, la défense anti-aérienne Anglaise a abattu un Typhoon et la météo deux avec leur pilotes …’’

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Le Typhoon mis en service dans l’urgence fin 1941 pour contrer la suprématie du Fw190 sur le Spitfire. Une faiblesse de structure sur les premières versions causa de nombreuses pertes.

Cependant, le 17 Octobre 1942, la première victoire au profit des Typhoons sur les Jabo arriva, à noter que le Rottenführer de la paire interceptée (lors du retour), déclara que sa Rotte fut prise à parti par 2 chasseurs ‘’Tomahawks’’ (à cette date, les Allemands semblent ne pas avoir connaissance de l’existence du Typhoon). Le prochain succès à la faveur des Typhoons se produisit que 2 mois après.

Une mission, qui embarrassa les Britanniques, rompit la continuité des attaques Jabo le 31 Octobre 1942. Adolf Hitler devenant de plus en plus agacé par l’offensive du Bomber Command, ordonna une mission de vengeance à pleine capacité des unités Jabo contre Canterbury. Les 10./JG2, 10./JG26, 8 ou 9 appareils du II/JG2 et certains du III/ZG2, composant les Jabo, escorté par des unités des JG2 et JG26, traversèrent la manche à partir de Calais à très basse altitude, l’escorte pris de l’altitude uniquement durant le bombardement (comportement classique de l'escorte d'attaque ‘’tip and run’’ sur ce secteur de la manche), et tous retournèrent en France à l’exception d’un Fw-190 ayant entré en collision avec un câble de ballon et d’un Fw-190 abattu par la chasse. Pour augmenter l’embarras Anglais, 2 Spitfires furent abattus, et un Typhoon par des tirs amis. 70% des bombes tombèrent dans la zone d’objectif. Cette mission fut la dernière de celles connues sur le mois, puisque le 8 Novembre 1942, les forces Américaines débarquèrent en Afrique du Nord et les Allemands transférèrent immédiatement des unités de chasseurs incluant les Jabostaffeln dans le Sud de la France en précaution. Ce secteur très calme sans vol opérationnel fournit un grand repos au 10./JG2 et 10./JG26.

Une des Staffeln du III/ZG2 toujours affectée sur le secteur de la manche était entrain d’être ré-équipée sur Fw-190 et s’entraînait à Cognac. Afin d’acquérir de l’expérience sur Fw-190 des attaques furent réalisées sur l’Angleterre comme des Terrorangriff par petit module de type Schwarm. Manquant d’expérience des erreurs furent commises, 2 pilotes furent perdus. Peu de temps après cette Staffel fut transférée en Afrique du Nord.

Alors que les Jabostaffeln étaient dans le Sud de la France, en mesure temporaire, les chasseurs Allemands sur le secteur de la manche eurent des instructions pour mener des missions Störangriff ou Tiefangriff, des attaques de harcèlement et de nuisance contre tout type d’objectif en utilisant les armes de bord. La première de ces attaques fut réalisée le 29 Novembre 1942. Ces attaques coûtèrent cher au JG26 (4 pertes).

Avec la menace progressante d’une invasion à partir de l’Angleterre, il fut décidé de rapatrier les 2 Jabostaffeln de leur lieu de ‘vacances forcées’. La 10./JG2 revint à Caen autour du 12 Décembre 1942 et réalisa sa première Jaboangriff le 14 Décembre en attaquant un objectif militaire à la bombe. Les Anglais notèrent cette différence suite à une période où seules les armes de bord furent utilisées lors d’attaque ‘’tip and run’’. La 10./JG26 semble être revenue de Istre le 11 Décembre, sa première attaque enregistrée se déroula le 19 Décembre où le Staffelkapitän ne revint pas. L’Oblt Paul Keller fut rappelé de la 4./JG26 pour prendre le commandement de cette Jabostaffel, cette fois le Staffelkapitän durera plus de 3 mois.

Le reste du mois décembre vit des missions Störangriff, Tiefangriff et Jaboangriff. Dans les seuls 3 missions Jaboangriff (largage de bombe) enregistrées, il est surprenant de noter que l’une d’elle fut menée par une Rotte de la 8./JG2 en ayant en plus abattu un Spitfire.

Telle finit cette première année d’attaque ‘’tip and run’’. En Angleterre, le Home Office, parmi les organisations politiciennes et militaires ne traînèrent pas pour analyser les succès et les échecs face à ces attaques durant les 9 derniers mois.
Un rapport du Key Points Intelligent Directorat stipula :’’Il est clair que ces attaques furent dirigées contre les installations électriques, de gaz, voies ferrées, trains et parfois des raids de terreur sur des zones résidentielles et centres commerciaux. Les installations électriques et de gaz sur les zones exposées du littoral fournirent des belles cibles et il est possible que l’ennemi était encouragé à développer ces attaques en vue d’alerter le gouvernement Britannique à limiter les combustibles industriels et domestiques dans cette zone Sud.’’
Une analyse fournie par le War Office sur les attaques ‘’tip and run’’ était plus rude. En gardant en mémoire que le nombre maximum de chasseurs-bombardiers disponible dans la Luftwaffe à cette date, sur le secteur de la manche, était de 28, 40% de toutes les attaques diurnes en 1942 furent réalisées par les Jabo, par des attaques à très basse altitude, prépondérantes dans le 2e semestre de l’année. 4 sur 5 attaques de chasseurs-bombardiers furent réalisées sur des objectifs militaires, avec une efficacité moyenne de 71% et des pertes Allemandes très légères.
D’un point de vu Britannique, le faible nombre de chasseurs-bombardiers créa beaucoup plus de travail pour l’Observer Corps et le déploiement requit pour les défenses de la RAF et anti aérienne. En addition à l’expansion des postes satellites de l’Observer Corps et l’accroissement des défenses par les chasseurs de la RAF en utilisant de nouvelles tactiques, l’accroissement des défenses anti-aériennes était dramatique. Le nombre d’armes anti-aérienne assignées pour combattre ces attaques ‘’tip and run’’ passa de 43 en Mars 1942 à 543 en Novembre 1942. Du personnel des projecteurs de recherche fut retiré de leur tâche initiale pour être entraîné et servir des armes anti-aérienne légères, alors que les Régiments anti aérien de la RAF et 400 serveurs de fusées éclairantes de la Royal Navy étaient déjà transférés à cette tache. ‘’ … l’accroissement en capacité d’armes anti-aérienne ne fut pas couronné de succès … la première grosse faiblesse résidait dans phase d’alerte qui échouait pour la détection de l’approche des raids ou alors bien trop tard. Sur 44 attaques en Août 1942, seulement 8 furent précédés d’une alerte radar …’’
Ces rapports montrent peu d’espoir dans la vision d’un futur meilleur pour les Anglais en dépit des nouvelles tactiques et organisations qui semblent paraître pâles.

1943 apportera un mélange de réussites pour les belligérants et aucune des 2 parties ne pouvaient imaginer que cette campagne continuera seulement 5 mois de plus.


Aux moments les plus sombres (Janvier-Février 1943)

Aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest les JaboStaffeln poursuivaient leurs missions avec des formations de 3 à 8 appareils, parfois les missions durent être avortées par les conditions météo exécrables.
A noter que, début Janvier, la 10./JG26 attaqua Folkestone, pas à basse altitude, mais pour des raisons inconnues, à partir de 4800m.
Les Typhoons réussirent, dans leurs missions nommées ‘’anti rhubarb patrols’’ à rencontrer plus souvent les appareils Jabo, ces derniers ne semblant toujours pas connaître l’existence des Typhoons, rapportèrent s’être confronté à des Sptifires ou Tomahawks. Les Allemands ayant combattu le P-40 en Afrique à de maintes fois prirent le Typhoon pour ce dernier pour un modèle fort amélioré

En Janvier 1943, pour les Britanniques, il était clair que plusieurs attaques Jabo étaient focalisées contre des objectifs non militaires. De retour en Mai 1942, un pilote Jabo de la 10./JG26, le premier à être capturé, fit mention que des objectifs attaqués étaient des vaches, cyclistes, autocars et tramway … entraînant ainsi interrogateur à déduire qu’il y avait un manque de politique dans la définition des objectifs. Cependant un autre pilote de la 10./JG26 capturé en Janvier 1943 admit que les pilotes n’avaient pas d’objectifs spécifiques mais avaient reçu des paroles franches leur demandant d’attaquer tout type d’objectif pouvant terroriser la population Britannique. Trains, autocars, rassemblement de population, troupeaux de bétail et mouton etc …

A noter, il apparaît que des archives de la Wehrmacht montrent un désaccord sur de tels raids. La Kriegsmarine aussi écrivit en Octobre 1942 que les attaques sur Canterbury le 31 Octobre 1942 était un raid de représailles ordonné par Adolf Hitler et que la Kriegsmarine regretta que les bombes ne fussent pas larguées dans le port et sur les navires. Cependant, ces attaques se produisirent et dépit si elles étaient légitimes ou pas, elles se poursuivirent.

Le 20 Janvier, un premier raid massif de représailles sur Londres se produisit (Voir en fin de chapitre) pour répondre aux bombardements des 16 et 17 Janvier du Bomber Command sur Berlin.

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Lors de ce raid sur Londres, l’école de Sandhurst fut bombardée à 12h30, tuant 38 enfants et 6 professeurs. Ce drame toucha profondément les Britanniques

Les effets de cette attaque sur la capitale Britannique ne tardèrent pas. Pour la première fois, le problème des Jabo fut débattu à la House of Commons. Une pétition fut signée par les résidents se plaignant à propos de l’incapacité à prévenir ce type de raid, des questions furent posées demandant pourquoi les défenses étaient absentes et quelles mesures allaient être prises pour combattre ces menaces. Les réponse furent évasives comme par exemple ; le secrétaire d’état à l’Air, Sir Archibald Sinclair, répondit que les ballons étaient enlevés pour maintenance et la meilleure défense contre ces attaques du type de celle du 20 Janvier était d’engendrer de fortes pertes aux attaquants, ce qui d’ailleurs ne se produisit pas !
D’autres attaques plus classiques suivirent sur des villages, dont certaines qui furent le fruit de changement d’objectif dû à la météo défavorable.

La météo des 2 premiers mois de l’année 1943 limita le nombre de sortie ‘’tip and run’’, il apparaît que les défenses Britanniques ont sur des points précis eu une efficacité contre les attaquants. Les Typhoons ont abattu 5 chasseurs-bombardiers dans ces 2 mois, la défense anti-aérienne en toucha 3 autres. Cependant, ces 8 appareils furent abattus après avoir largués leurs bombes sur leurs objectifs. Ces pertes ne découragèrent pas la Luftwaffe et n’affecta pas son potentiel offensif.

A partir de Mars 1943, un nombre plus important de raids a été effectué tout particulièrement lorsque la météo s’améliora. Comme pour l’attaque sur Londres le 20 Janvier 1943 où le nombre de chasseurs impliqués augmenta par des formations d’une vingtaine d’appareil. Remarques de l’Observer Corps : ‘’ … plusieurs attaques mineures furent menées, en Mars 1943, par des appareils en petites formations avec occasionnellement des attaques plus ambitieuses de 12 à 30 appareils avec ou sans escorte ou couverture arrière. Fin Janvier, 12 chasseurs-bombardiers bombarda la zone populaire autour de Poplar et Bermondsey de très basse altitude avec un effet moral considérable sur la population. Ceci fut suivi de plusieurs autres attaques similaires sur Eastbourne, Hasting, Londres et Ashford …’’ Les effets sur le moral des civils furent grandissant.




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Ci-dessous une traduction du Luftflotte 3 Einzelmeldung du 20 Janvier 1943 (avec de petites notes ajoutées de l’auteur du livre)

20 Janvier 1943, 1115 hrs :
SECRET

Einzelmeldung No.1 – 20 Jan 43 :
Missions de Reconnaissance – appareil contre l’Angleterre (incluant l’Atlantique) le 19/20 Jan 43:
2 Fw 190 (0848 hrs) reconnaissance visuelle Dungenedd – Eastbourne

Résultats :
0910 hrs, 7 navires marchants 2000-3000 BRT 5-6 km Sud de Hasting, naviguant vers l’Ouest, vitesse moyenne.
Extérieur Eastbourne 2 petits navires, naviguant vers l’Ouest, vitesse moyenne.
- Défense : Durant le vol retour, attaqué par 2 Spitfires
- Pertes : 1 Fw 190 du III/JG26 abattu
- Météo : couverture nuageuse 8-10/10 à 1000m au dessus de Brighton, averse, visibilité 30-50 km

21 Janvier, 0305 hrs
SECRET

Résultats de la journée – 20 Janvier 1943 :

Contre l’Angleterre :
8 appareils – patrouille de sécurité
8 appareils – mission libre
2 appareils – mission reconnaissance météo
1 appareil – mission reconnaissance photographique Hull et Newcastle
148 appareils, incluant 40 appareils sur 3 sorties Jabo, 2 de ces missions étaient des attaques de diversion :
33 chasseurs sur mission d’escorte de Jabo, 39 sur missions d’escorte de Jabo sur leur retour, 32 sur 8 missions d’escorte de secours mer, 2 sur mission de reconnaissance – 2 scrambles sur mission défensive (167 appareils en tout).

Succès
Contre appareils ennemis :
Victoires aériennes par chasseurs : 3
1236 hrs – 1 Spitfire Nord de Canterbury
1242 hrs – 1 Spitfire proche Ramsgate
1312 hrs – 1 Spitfire proche Ardres
Probablement abattu :
1312 hrs – 1 Spitfire proche Boulogne

Contre objectifs sols :
Voir Einzelmzldung No.1 du 21 Janvier 1943 :
- Londres : Bâtiments commerciaux détruit, fortes pertes parmi la population civile probable.
- Wadhurst : Maisons détruites, fortes pertes parmi la population civile probable.
- Ventnor : Immeubles détruits
Propre pertes : 1 Fw 190 de la 10./JG26 manquant
2 Me 109 de la Est(Jabo)/Süd manquants
1 Fw 190 du I/JG2 abattu
1 Fw 190 du I/JG26 manquant
4 Me 109 du II/JG26 manquant
2 Fw 190 du III/JG26 abattu
En tout 6 Me 109 et 5 Fw 190

21 Janvier, 0025 hrs
SECRET

Einzelmeldung No.1 – 21 Jan 43 :
Rapport de combat de l’attaque Jabo contre Londres le 20 Janvier 1943

I/ Composition : 112 appareils en tout
28 appareils (Jabo) – Attaque de Londres
10 appareils (Jabo) – Attaque de diversion contre Tunbridge Wells
2 appareils (Jabo) – Attaque de diversion contre Ventnor
16 appareils (Jabo) – Escorte rapprochée (Fw 190)
39 appareils (29 Fw 190 et 10 Me 109) – Diversion avancée et escorte pour vol retour
17 appareils (Fw 190) – Protection lors de l’atterrissage.

II/ Décollage :
1150 hrs – 2 Fw 190 (Jabo), attaque de diversion sur Ventnor, secteur Isle de Wight
1200 hrs – 10 Me 109 (Jabo), attaque de diversion sur Tunbridge Wells
1201 hrs – 8 Fw 190 en escorte rapprochée pour attaque de diversion
1200 hrs – 28Fw 190, attaque Jabo sur Londres
1202 hrs - 8 Fw 190 en escorte rapprochée pour attaque principale
1210 hrs – 29 Fw 190 et 10 Me 109, diversion avancée direction estuaire de la Tamise et aussi escorte pour vol retour
1235 hrs – 17 Fw 190 en protection pour atterrissage

III/ Opération :
A/ Attaque Jabo sur Londres :

1./ Composition : 28 Fw 190
25 appareils attaquèrent Londres entre 1230-1235 hrs à 20-25 m d’altitude. 20 bombes SC500 et 5 bombes SC250 larguées.
2 appareils attaquèrent Eastbourne en objectif alternatif dû à des problèmes techniques ; 1220-1222 hrs, vol très basse altitude.
1 appareil avorta la mission dû à des problèmes techniques (1 SC500 larguée dans la mer).

2./ Frappes observées :
22 bombes dans un district à l’intérieur des limites : Tunnel Avenue (East), la courbe de la Tamise (Nord), et rive Sud de la Tamise – Dédalle Hill Street – Ouest - Combe Park (Ouest).
3 bombes au Nord de la grande courbe de la Tamise proche de la partie Nord de Manchester Road.

3./ Effet de l’attaque :
Très bon groupement de frappes sur des immeubles et concentration de population, détonations violentes. Destruction de bâtiments commerciaux observée. Rues en activité, évidemment il n’y avait pas d’alerte de raid aérien avant l’attaque. Pertes importantes parmi les la population civile probable. Feu important dans une petite usine proche de la rive Sud de la grande courbe de la Tamise.
Effet sur l’objectif alternatif :
Frappes directes sur des immeubles dans la partie Est de la ville. Destruction des bâtiments observée.

4./ Evaluation des effets :
Surprise complète et condition météo favorables pour l’attaque. Suivant les observations par les équipages, il est probable qu’il n’y avait pas d’alarme de raid aérien. L’attaque fut effectuée presque sans défense. L’effet de l’attaque contre les maisons et les cibles mouvantes peuvent être décrites comme bonne.
Attaques avec les armes de bords contre les barrages de ballons sur la partie Sud de la ville. Attaques avec les armes de bords contre les cibles mouvantes et villages jusqu’à croiser le littoral à l’Est de Newhaven.

5./ Résultats :
10 ballons de barrage détruits sur la partie Sud de Londres. 12 camions et 2 citernes à gaz en feu dans une gare. 1 locomotive explosa après plusieurs coups. Concentration de personnes, bâtiments résidentiels et véhicules attaqués.

6./ Défense :
Vol d’approche : Sans défense.
Au dessus de l’objectif : Une batterie de DCA à fort calibre. Quelques ballons de barrage s’élevant. 2 Squadons de Spitfires à environs 1200m d’altitude n’attaquèrent pas.
Vol retour : DCA légère et forte dans le secteur de Newhaven. 2 Squadrons de Spitfires, volant à basse altitude – seulement un petit combat.

7./ Propre pertes :
1 Fw 190 (Jabo) 10./JG26 manquant (parachute vu au dessus de la mer proche du littoral Anglais)

B./ Attaques de Diversion

1./ Attaque de diversion contre Tunbridge Wells :
Opération :
Composition : 10 Me 109 (Jabo)
9 Me 109 attaquèrent alternativement l’objectif Wadhurst à 1241 hrs dû à une défense importante de chasseurs ennemis.
Hauteur de l’attaque : 20 mètres
Quantité de bombes larguée : 9 Sc250
1 Me 109 avorta la mission dû à des problèmes techniques
Effet de l’attaque :
Bon groupement de frappes au centre de la ville. Rues très animées observé. Maisons détruites. Pertes importantes parmi la population civile probable.
Défense :
De la DCA légère sur l’objectif. Tirs précis de DCA légère et lourde à l’Est de Hasting durant le vol retour.
Chasseurs : 1249 hrs – 11 Spitfires à 500m d’altitude au Sud de Hasting, petits combats.
Propres pertes : 2 Me 109 du Jagdgruppe Süd manquants

2./ Attaque de diversion contre Ventnor, secteur île de Wight :
Opération :
Composition : 2 Fw 190 (Jabo) avec 2 SC500, vol basse altitude, 1226 hrs
Effet de l’attaque :
Bâtiments proches de la plage et au centre de la ville furent touchés. Bâtiments détruits aperçus
Défense :
Tirs précis de DCA de tous calibres
Propres pertes : Aucune

C./ Escorte rapprochée :

1./ Attaque Jabo sur Londres : 8 Fw 190
Altitude de vol : De très basse altitude à 6000m
Combats : Aucun
Résultats du straffing : 4 fermes mises en feu dans le secteur de Newhaven

2./ Attaque de diversion sur Tunbridge Wells : 8 Fw 190
Altitude de vol : De très basse latitude à 1500m
Combats : 1310-1312 hrs – 3 Spitfires 20km Nord Ouest de Boulogne
1312 hrs – 1 Spitfire probablement abattu 20km Nord Ouest de Boulogne
Propres pertes : 1 Fw 190 du I/JG26 manquant

D./ Diversion avancée direction de l’estuaire de la Tamise et mission d’escorte en retour :

Altitude de vol : De très basse altitude à 6000m
Combats :
1./ 1235-1238 hrs – 4 Fw 190 avec 2 Spitfires à 3000-4000 m au Sud de l’estuaire de la Tamise.
1236 hrs – 1 Spitifre abattu au Nord de Canterbury à 3000-4000m

2./1235-1240 hrs – 13 Fw 190 et 10 Me 109 avec 15 Spitfires à 3000-5000 m au dessus de l’estuaire de la Tamise
Pertes : 4 Me 109 du II/JG26 manquant, il fut aperçu que 2 Me 109 entrèrent en collision. Durant le retour 1 Fw 190 du II/JG26 s’écrasa en mer devant Calais suite aux avaries des combats.
1250-1301 hrs – combats avec 4 Sptifires au dessus de la mer devant Etaples à 3000-4000m

3./ 1235 hrs – 12 Fw 190 avec des Sptifires proche de Margate à 5000-6000m
1242 hrs – 1 Spitfire abattu proche de Margate à 5000-6000m
1310-1315 hrs – combats avec 10-15 Spitfires entre Cap Gris Nez et St Omer de basse altitude jusqu’à 5000m
1312-1314 hrs – 1 Spitfire abattu à altitude 50m, secteur Ardres.

E./ Protection atterrissage

Effectué par 17 Fw 190 sans contact ennemi

IV/ Météo :
Aérodrome durant décollage et atterrissage : couverture nuageuse 9/10 à 1500m et 6/10 au dessus de 6000m. 10-20 km de visibilité.
Approche sur l’objectif : 7-9/10 à 1000-1500m. 20km de visibilité. Sur Londres brumeux (provenant des industries)

V/ Victoires aériennes :
3 Spitfires abattus, 1 Spitfire probable.

VI/ Pertes :
Jabos : 2 Me 109 et 1 Fw 190
Chasseurs : 4 Me 109 et 2 Fw 190


21 Janvier, 0140 hrs
SECRET

Einzelmeldung No.2 – 21 Jan 43 :
Rapport de combat No.1 Jafue 3 – 21 Jan 1943

2 Fw 190 (décollage 1408 hrs) – mission de secours en mer pour 1 Fw 190 qui s’est écrasé à 15km au Nord de Calis (mission Jabo sur Londres). Sans succès.
1446-1448 hrs – combats avec 18 Mustang basse altitude à 20km au Nord Ouest de Calais. Sans victoires.
Pertes : 1 Fw 190 abattu en flamme et écrasé dans la mer.


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Re: Jabo sur l'Angleterre (1942-43) - Historique

Publié : 21 oct. 2018, 11:40
par JG27_Belly
La suite ... :)


Changements (Mars – Avril 1943)

A cette date commencèrent certains changements au niveau des Jabostaffeln qui affectèrent les numéros et désignations des unités de chasseurs-bombardiers de la Luftwaffe sur le front de l’Ouest. Le premier changement affecta déjà la 10./JG26 le 17 Février 1943, elle fut re-désignée 10./JG54 en restant à St Omer-Wizernes alors que le reste du Geschwader fut transféré temporairement sur le front de l’Est, échangeant ainsi avec la JG54.
Les autres changements furent plus substantiels et permanents. En premier, le nombre de chasseurs-bombardiers participant aux attaques ‘’tip and run’’ s’accru considérablement. Par exemple le premier raid suivant, se déroulant sur Eastbourne le 7 Mars 1943 impliqua 18 appareils Jabo des 2 Jabostaffeln. Parmi ces pilotes des 10./JG2 et 10./JG54 un certain nombre était de jeunes pilotes.
En Décembre 1942, il fut décidé de former un Geshwader de Jabo spécifique, Schnellkampfgeschwader 10 (SKG 10). Le premier Gruppe qui fut déclaré opérationnel était le III/SKG 10 (anciennement III/ZG 2) qui continua a opérer en Afrique du Nord. Les I et II Gruppen furent formés, au moins sur le papier, à la fin de Décembre 1942 et apparurent physiquement en Février 1943. Le I Gruppe commandé par un ancien pilote de Stuka, le Major Heinrich Brüker était basé à St André, alors que le II Gruppe commandé par un ancien pilote de Zerstörer, l’Oblt Helmut Viedebannt fut formé à Caen-Carpiquet.
A cette période, le SKG 10 entreprit l’entraînement de vols de nuit avec l’intention que les I et II/SKG 10 pourraient opérer ainsi. Il semble paraître que le I/SKG 10 fit peu de mission de jour afin de se concentrer sur l’entraînement nocturne, alors que le II/SKG 10 réalisait les deux.
Un commentaire de pilote de la 5./SKG 10 rapporta : ‘’C’était absurde. Les appareils n’étaient pas équipés et les pilotes n’avaient pas d’expérience de vols de nuit. Il n’y avait aucune expérience sur le vol nocturne et nous n’avions pas de système de navigation. L’entraînement consista seulement en quelques atterrissages nocturnes avant la première mission …’’

Ce mois de Mars vit des attaques massives de Jabo sur des villes comme Eastbourne, Hasting … avec une bonne vingtaine d’appareil en moyenne. Une répétition d’attaque massive fut lancée sur la banlieue de Londres le 11 Mars. D’autres attaques plus classiques furent aussi lancée.
Certaines de ces attaques furent brèves et efficaces avec de nombreux bâtiments détruits, d’autres subirent des pertes non négligeables de part la DCA et les patrouilles de la RAF. Ces raids n’étaient pas tous de la même composition, ils variaient d’un simple Schwarm non escorté jusqu’à une vingtaine de Jabo escortés.

Seulement en début Avril 1943, le British Intelligence apprit l’existence du SKG 10. Ce mois Avril vit l’apparition du IV/SKG 10 (10-13 Staffeln) formé à partir de la 10./JG2, la 14./SKG 10 formé à partir de la 10./JG54 et la 15./SKG 10 à partir des éléments restants de la 10./JG2.

En accord avec les changements réalisés par l’Oberst Dietrich Peltz, Inspekteurs der Kampfflieger, devenant plus tard Angriffsführer England, à partir de mi Avril 1943, les I et II/SKG 10 laissent le IV/SKG 10 opérer les attaques diurnes ‘’tip and run’’ (occasionnellement le II/SKG 10 en fit quelque unes). De plus, la création de 3 Staffeln à partir de 2 demanda une arrivée de ‘’sang jeune’’ au IV Gruppe. Le nombre de raids du IV/SKG 10 fut fortement réduit ce mois ci sans explication si n’est cette réorganisation. Les attaques et les conséquences furent un reflet du mois précédent.

Il est à noter que durant ces 2 mois, ces attaques causèrent de nombreuses pertes parmi la population Anglaise poursuivant ainsi la campagne de terreur dans le Sud de l’Angleterre des mois précédents.


Les dernières douleurs (Mai – Juin 1943)

La réduction notable des activités ‘’tip and run’’ ne passa pas inaperçue du coté Anglais bien qu’aucune raison évidente ne put être donnée, à cette date les Anglais étaient toujours dans le soucis d’améliorer leurs défenses face à cette menace. Le début des attaques nocturnes Jabo n’entraîna pas une réduction de ce type d’attaque diurne.

Mi Avril 1943, la Luftflotte 3 avait environ 120 chasseurs-bombardiers disponibles pour attaquer l’Angleterre. Les Anglais n’avaient pas connaissance d’une si grande force. Si la Luftwaffe l’avait utilisé de la même façon que les 13 mois précédents, les défenses Anglaises auraient vraiment été mises à mal. Le haut commandement de la Luftwaffe, probablement par des renseignements incomplets, persista à croire que les missions Jabo diurnes n’atteignaient pas les effets souhaités. Par conséquent la grande majorité du SKG 10 continua ses entraînements pour des attaques nocturnes, dans l’incrédulité de nombreux pilotes expérimentés.

Les premiers raids nocturnes furent désastreux pour la Luftwaffe perdant ainsi de nombreux appareils et pilotes. La Luftwaffe persista et les résultats commencèrent à venir. Un mois après, la RAF commença à infliger des pertes à la I/SKG10 avec leurs Mosquitos chasseurs de nuit.

Je ne m’étalerais pas plus sur cette partie des Jabo nocturnes, je considère cette partie comme un sujet complémentaire.

Cherchant à accroître les effets des attaques Jabo, la Luftwaffe lança des raids avec des effectifs plus importants, de 7 à moins de 30 appareils, escortés ou pas. Ces formations de part leur plus grande importance réduisirent un peu leur discrétion. La RAF réussit parfois à intercepter certains d’entre eux par les patrouilles de défense dédiées à cette tache ou par l’opportunité des vols d’unité de chasseurs (de la 2nd TAF) allant sur le continent, devenant plus nombreux, durant leur départ ou retour de mission. C’est ainsi que des Spitfires ou Mustang réussirent à obtenir des victoires sur des Jabo. Bien évidemment chacun de ces raids occasionnaient des dégâts et pertes civiles plus importants.
A noter qu’avec l’augmentation des formations Jabo, la RAF augmenta ses dispositifs d’alerte en nombre d’appareil près à décoller.

Avec le mois de Juin 1943 arrivant, inexplicablement les attaques ‘’tip and run’’ cessèrent. Après 15 mois de campagne, la voilà finie.

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Focke-Wulf FW-190A-4 Jabo du SKG-10. En premier plan une bombe SC250


Postscript

Il fut supposé que les raids ‘’tip and run’’ en Juin 1943 allaient se poursuivre dans l’image des mois précédents. Les armes anti-aériennes étaient toujours chargées, les postes d’observations de l’Observer Corps étaient occupés et la RAF poursuivait ses patrouilles anti-Rhubarb. Les chasseurs de la Luftwaffe allaient occasionnellement sur l’Angleterre mais sans emporter de bombes, préférant mener occasionnellement des attaques de nuisance avec les armes de bord.

La raison de cet arrêt soudain ne fut jamais expliquée de façon satisfaisante. L’Observer Corps essaya de l’expliquer : ‘’ … à la fin de la première semaine de Juin 1943, ces raids ‘’tip and run’’ cessèrent. Sans aucun doute, l’ennemi trouva de plus en plus dangereux d’effectuer des sorties au dessus de ce pays … ‘’
Une autre source supporta ces explications : ‘’ … Göring décida que les pertes devinrent trop importantes en Juin 1943, les … attaques cessèrent … ‘’

Contrairement aux dires précédents, ces raids ‘’tip and run’’ furent un succès considérable, tout particulièrement en 1943, en touchant les objectifs désignés et conservant des pertes minimums pour les chasseurs-bombardiers. Il y avait peu d’exceptions et en particulier, les attaques menées en Juin 1943 qui furent vues par les Anglais comme 100% réussites.

Il y a 3 simples raisons pour expliquer pourquoi les attaques ‘’tip and run’’ furent stoppées.

- En premier ; Le renseignement post attaque, habituellement pauvre tout au long de la guerre, sous estima les effets des raids. Même les émissions radio Allemandes ne firent pas de commentaires sur ces actions.

- En second ; La Luftwaffe cru par erreur que l’utilisation des chasseurs-bombardiers de nuit, donnerait des résultats identiques à ceux de la journée alors que l’obscurité aiderait à protéger les appareils. Cependant, les progrès de la technologie Anglaise dans les radars air-air et la supériorité des chasseurs de nuit Anglais prouva que cette obscurité n’offrait pas une protection. Les pertes Allemandes furent plus élevées et l’efficacité réduite. Comme le Maj Kurt Dahlmann, Staffel Kapitän de la 2./SKG 10 en été 1943 et commandant plus tard le I/SKG 10, volant sur Fw190 en Jabo nocturne sur le front de l’Ouest jusqu’à la fin de la guerre, dit : ‘’ … les actions nocturnes du Fw-190 contre Londres ne furent pas un succès. C’était une véritable mission de fortune. Ce type d’appareil n’était pas désigné pour de telles missions et n’était pas adapté pour cette tache …’’

- La dernière raison ; Pourquoi ces attaques cessèrent, c’était aussi simple que le fait qu’il n’y avait plus de chasseurs-bombardiers disponibles pour des missions ‘’tip and run’’ dans le Nord Ouest de l’Europe à la mi Juin 1943. Le 12 Mai 1943, les forces Allemandes se sont rendues en Afrique du Nord et il était clair que les Alliés allaient bientôt envahir l’Europe par le Sud. Les Allemands pensèrent que la plus grande menace était maintenant en Méditerranée. Afin de renforcer le III/SKG 10, le II Gruppe fut envoyé en urgence de France au Sud de l’Italie la 2e semaine de Juin 1943, alors que le IV Gruppe fut aussi retiré de France et opéra à partir de l’Italie à la fin de Juin 1943. Du coup, la seule unité de chasseurs-bombardiers restante dans le Nord de la France était le I/SKG 10 nocturne.

Quel fut l’impact de la campagne Allemande ‘’tip and run’’ ?
Les Allemands découvrirent une utilisation unique pour ses chasseurs et après difficultés et erreurs (même sans complément d’opposition), le chasseur-bombardier prouva être une arme très efficace contre les navires. En poussant son usage sur des objectifs du littoral, il fut aussi un succès et les défenses Anglaises eurent de grosses difficultés pour prévenir ces attaques dévastatrices sur de nombreuses villes du littoral et même plus tard sur des objectifs dans les terres.

Sur la majeure partie des 15 mois d’attaques ‘’tip and run’’, les Allemands ne pouvaient compter que sur un maximum de 28 appareils pour opérer sur un littoral étiré de 1300km. Cependant, cette longueur de littoral et incertitude de l’objectif attaqué joua en la faveur des Allemands. Il n’y avait pas suffisamment d’armes anti-aériennes de calibre adapté pour contrer une menace de basse altitude à forte vitesse : ‘’ … la RAF ne peut pas offrir de défense positive contre ces chasseurs-bombardiers rapides volant à basse altitude qui parviennent à des effets sortant de toutes proportions vis-à-vis des efforts réalisés. La Chain Home et Chain Home Low radar station … sont incapables de localiser les mouvements des Jabo dû à leur très basse altitude et le Fighter Command est forcé de mettre en place des patrouilles pour contrer cette menace …’’

Il est intéressant de noter que l’analyse durant la guerre statua 55 appareils ‘’tip and run’’ abattus pour la DCA entre Mars 1942 et le 6 Juin 1943, les chasseurs revendiquèrent 51 autres. L’analyse ramena à 28 appareils pour la DCA, 28 autres pour les chasseurs et un appareil partagé. 5 autres entrés en collision sur des bâtiments, ligne à haute tension ou autre appareil. Il est clair qu’une perte de 62 appareils et 62 pilotes sur une période de 15 mois était notable mais à cette date de la guerre ceci était supportable. De plus, ces pertes devraient être comparées avec une unité comparable comme un Kampfgeschwader sur bi-moteur, le KG2. Sur cette même période, il perdit 122 appareils lors des attaques sur l’Angleterre, engendrant 450 membres d’équipage tués, perdus ou prisonniers.

D’un point de vu militaire, les attaques ‘’tip and run’’ entraînèrent une demande importante de pièces anti-aériennes associées à du personnel pour défendre des objectifs potentiels. De plus, le Fighter Command fut forcé de dédier de nombreux appareils pour essayer d’éviter que les chasseurs-bombardiers larguent leurs bombes, qui vit de très petits succès. Ces appareils auraient été plus utiles ailleurs.

Quel fut l’impact sur la population civile et le gouvernement ?
L’incapacité de prévenir de tels raids était une grande inquiétude pour ceux vivant proches du littoral Sud. Par exemple, Torquay fut attaqué 8 fois sur ces 15 mois, 2 de ces attaques furent sévères occasionnant des pertes considérables en vie humaine. 2 raids en 1943 mirent en colère les civils vivant dans les villes touchées, des pétitions furent signées et des questions furent posées à la chambre des communes. Cependant, il semble apparaître qu’aucune réponse entérinée fut donnée et que le problème des attaques ‘’tip and run’’ fut laissé purement aux militaires. Les attaques se poursuivirent occasionnant ainsi une irritation constante de la part des civils proche du littoral Sud.

Quelle fut la valeur des chasseurs-bombardiers comme arme ?
Les Allemands développèrent vraiment cette idée mais les Alliés la copièrent et la perfectionnèrent. Chaque chasseur Alliés introduit plus tard dans le conflit devait avoir, avec un minimum de modification, la possibilité d’emporter une bombe. Le meilleur exemple est le Hawker Typhoon. Dans le second semestre 1943, le Typhoon trouva un nouveau rôle comme ‘’intruder’’ toute météo et plus tard comme appareil d’appui aux troupes, armé avec bombes et roquettes. Lors de la bataille de Normandie en été 1944, le Typhoon se fit un nom comme première classe anti-char, anti-véhicule, anti-bâtiment, anti-plateforme d’armement majeur, quelque chose que les Allemands ne réussirent pas à mettre en place après leurs premiers succès dans le conflit.

Les attaques ‘’tip and run’’ eurent par conséquent un impact sur les militaires Britanniques et , dans une moindre mesure, la population civile vivant proche du littoral Sud de l’Angleterre mais il est bien moins évident que le gouvernement fut pleinement concerné même s’il était un objectif des Allemands. D’un point de vu Allemand, ils sous-estimèrent leurs effets avec le peu de force composant les chasseurs-bombardiers, une force trop petite pour engendrer des dégâts massifs. La décision prise en 1943 d’utiliser les chasseurs-bombardiers de nuit manquait de jugement et surtout lorsque la Luftwaffe disposait d’une force importante de chasseurs-bombardiers, elle faillit de l’utiliser dans la voie qui aurait submergé les défenses Anglaises et aurait permis aux chasseurs-bombardiers d’attaquer plus objectifs, plus en profondeur dans les terres, avec une certaine impunité.